Menu
Libération
Critique

Soviet suprématie

Article réservé aux abonnés
L’instauration du joug stalinien en Pologne, Hongrie et Allemagne de l’Est dès la fin de la guerre, par Anne Applebaum.
A Budapest, en novembre 1956. (Photo AFP)
publié le 15 octobre 2014 à 17h06

Le destin de l’Europe centrale et orientale de l’après-guerre se joua en un an ou à peine plus. Tout en fixant les zones d’influence respectives des Occidentaux et des Soviétiques, la conférence de Yalta en février 1945 promettait des élections libres et démocratiques pour ces pays. Mais déjà en mars 1946 Winston Churchill dans un célèbre discours dénonçait

«le rideau de fer qui de Stettin dans la Baltique jusqu’à Trieste dans l’Adriatique est descendu à travers le continent».

Ce livre est l’histoire tragique et révélatrice d’une implacable prise en main dans l’indifférence des Occidentaux, comme aujourd’hui face à l’Ukraine.

Le scénario a peu ou prou été partout le même dans les pays libérés par les Soviétiques. «L'Armée rouge fit venir des hommes de la police secrète formés à Moscou dans tous les territoires occupés, plaça des communistes locaux à la tête des stations de radio nationales et se mit à démanteler des groupes de jeunes et d'autres organisations civiques. Et ces hommes arrêtèrent, assassinèrent et déportèrent les gens qu'ils tenaient pour antisoviétiques et mirent en œuvre une politique de nettoyage ethnique sans concession», écrit Anne Applebaum dans cette riche étude sur «l'Europe de l'Est écrasée» entre 1944 et 1956. Historienne formée notamment à Yale et Oxford, journaliste et ancienne correspondante à Varsovie de The Economist, elle avait publié en 2004 Goulag, une histoire (Grasset) salué par le prix Pulitzer de l'essai (1