C'est ce que l'on pourrait appeler un petit accès de coquetterie. Sur la première étagère, à l'entrée d'Albertine, la nouvelle librairie française de New York, au-dessus des derniers ouvrages de Maylis de Kerangal ou d'Emmanuel Carrère, trône ainsi le dernier volume de Quai d'Orsay, la bande dessinée de Christophe Blain et d'Abel Lanzac, nom de plume d'Antonin Baudry, le conseiller culturel français au Etats-Unis et tout juste nommé directeur de l'Institut français, la vitrine culturelle du ministère des Affaires étrangères dans le monde.
Baudry, qui a longtemps gardé son identité secrète, avait tombé le masque en février 2013, quand l'ouvrage avait été élu «meilleur album de l'année» au festival d'Angoulême. Ce qui lui avait valu un portrait de der dans ce journal (lire Libération du 19 mars 2013) dans lequel il dévoilait son prochain projet : ouvrir une librairie pour «mieux faire connaître la littérature française aux Américains».
Dix-huit mois plus tard, l'éclectique Antonin Baudry a réussi son pari. Albertine, du nom de l'héroïne insaisissable et inclassable d'A la recherche du temps perdu, a ouvert ses portes le 27 septembre et a déjà eu les honneurs d'un long article dans le New York Times. Deux étages tout de bois et de cuir, logés au cœur de l'immeuble particulier dans lequel siègent les services culturels de l'ambassade de France, à quelques encablures de Central Park. Un défi qui n'était pas évident au vu des cou