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Libération

Dissipation de la buée

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publié le 22 octobre 2014 à 17h06

Si Pierre Bergé ne se dévouait pas de temps en temps, la vie littéraire serait d'un chiant ! Sa dernière sortie - qui ne le sait ? - a pris la forme d'un tweet : «Le Monde est ridicule aux yeux du monde entier. Il y a huit jours il descendait le livre de Modiano. Aujourd'hui Modiano reçoit le prix Nobel.» Dans le viseur de l'actionnaire et président du Conseil de surveillance du Monde, le romancier Eric Chevillard, chroniqueur pour ce journal et cible favorite de Bergé.

Chevillard, en effet, n'a pas beaucoup aimé le dernier Modiano, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, et s'est autorisé à en extraire ce bout de phrase : «Une buée qui se dissipait sous le soleil.» Puis à la commenter : «Hélas, c'est bien l'effet que nous fait ce roman. Il s'évapore à mesure que nous le lisons.» Pas de bol, l'auteur de la Place de l'Etoile décrochait donc le Nobel de littérature une semaine plus tard.

Ayant apparemment la rancune tenace, Bergé ajoutait une deuxième couche quelques minutes plus tard : «Pauvre Chevillard que personne ne lit et qui se venge en démolissant Patrick Modiano prix Nobel de littérature 2014.» Quelques jours passaient et, sur France Inter cette fois, le patron en remettait une troisième : «La critique est libre, mais je vous signale qu'une critique de grande qualité qui s'appelle Josyane Savigneau a exactement dit la même chose.» Très exactement, Savigneau a tweeté : «La liberté de la cr