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Interview

Taiye Selasi: «Je voulais que tous les protagonistes trouvent une maison dans l’amour»

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Allers-retours avec l'écrivaine afro-anglaise entre le Ghana et les Etats-Unis, la photo et l’écriture, la condescendance et l’innocence.
Née à Londres d'une mère nigériane et d'un père ghanéen, élevée dans le Massachusetts, Taiye Selasi vit à Rome. (Photo Catherine Hélie. Gallimard)
publié le 22 octobre 2014 à 17h06
«Buissons noirs en guise de cils, roches ciselées en guise de pommettes, pierres précieuses en guise d’yeux, lèvres du même rose que l’intérieur d’une conque, une beauté improbable, une fille impossible.»

Cette description de Taiwo, l’un des personnages du

Ravissement des innocents,

vient tout de suite à l’esprit. Taiye Selasi a le genre de beauté qui remplit la pièce, qui éclipse le reste. En conscience : lorsqu’elle a envoyé le manuscrit de ce roman, son premier, elle avait pris soin à ce qu’on ne trouve aucune photo d’elle sur Internet. Maintenant c’est l’inverse, elle prend la pose sur Google Images.

So what ?

Il y a du défi dans l’allure :

«J’ai choisi de ne pas changer, en aucune manière. J’ai toujours été habituée à sortir du lot.»

Née à Londres d’une mère nigériane et d’un père ghanéen, élevée dans le Massachusetts, Taiye Selasi vit à Rome.

Au Niger, Kweku meurt au seuil de sa maison. Le Ravissement des innocents est l'histoire en allers-retours de sa famille, de sa femme Folà, et de leurs enfants, l'aîné Olu, les jumeaux Taiwo et Kehinde, et Sadie, la petite dernière. En promo à Paris, l'auteur en parle en flashs et en couleurs.

Est-il vrai que l’idée du roman vous est venue sous la douche ?

J'espère que c'est vrai, parce que c'est ce que je répète à tout le monde ! En 2009, j'essayais de retravailler «The Sex Lives of African Girls», une nouvelle que j'avais publiée dans la revue Granta et que Toni Morrison avait beaucoup aimée mais qu'elle m'avait encouragée à rallonger. J'avais bénéficié d'une bourse, ça faisait déjà des mois, et rien ne venait… J'étais désespérée. Une amie m'avait invitée à un stage de yoga en Suisse pour trouver une solution. Et donc, me voilà sous la douche, pendant c