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Libération
Critique

Le pépé et le pédé

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Un peu de San Antonio et d’Orwell dans une histoire d’amour signée Guiraudie.
(Photo Adam Wells. Flickr)
publié le 22 octobre 2014 à 17h06

Depuis pas mal de temps, on savait qu’Alain Guiraudie était un formidable cinéaste. On ne savait pas encore qu’il était un bon écrivain. Ici commence la nuit est son premier livre. Qui n’est pas du tout comme un scénario passé à la gonflette mais un vrai roman. Ce qui n’empêche pas Guiraudie d’emprunter pour l’écrit bien des procédés du cinéma.

Au début, la situation est floue : un homme en vacances, un bled du sud-ouest un jour de cagnard, des CD à rendre à la médiathèque, un anniversaire à ne pas oublier, des amis à visiter. Mais très vite le flou devient trouble, bien que les personnages se dessinent. Du côté des amis : Mariette, femme célibataire d’un certain âge, son vieux père Maurice, dit Pépé, et sa jeune fille, Cindy. Du côté du visiteur glandeur, Gilles, la quarantaine passée, plutôt bien de sa personne, et plutôt beaucoup pédé.

Matraque. Que se passe-t-il quand la promesse d'un merveilleux et chiantissime vendredi de juillet dérape en coup de chaud suite à un vol de slip sur une corde à linge où il séchait gentiment ? Car Gilles n'a pas résisté à s'y donner du plaisir et Pépé, témoin du «crime», se pose des questions : «Tu te branlais dans mon slip, à deux pas de moi, mais tu pensais pas à moi ?» Total, les gendarmes enquêtent, surtout le chef, «une sorte de psychopathe avec une tête de bon français». Très vite (page 32), ça merde sévère et ça n'est pas du tout une métaphore lorsque le chef use et abuse de sa matraque sur la personne arri