«Insecte à l'hymne bref/ autant que ton empire est vaste/ saluerais-tu un chef/ dépourvu de tout faste.» Ce sont, en quelque sorte, les derniers mots, imprimés, de Daniel Boulanger, décédé lundi soir à 92 ans. Le recueil s'appelle Vestiaire des anges, il est paru chez Grasset en 2012 et se constitue d'une série de «retouches», un genre bien à lui, à la fois mégalomane et humble.
Gangster. Né à Compiègne en 1922, passé par le petit séminaire, résistant, bourlingueur au Brésil, Daniel Boulanger était retiré depuis 1958 à Senlis (Oise), où il alignait deux livres par an (soixante romans au compteur), mais aussi des scénarios et dialogues de films. En particulier pour Jean-Paul Rappeneau (la Vie de château, 1965) mais surtout Philippe de Broca (l'Homme de Rio en 1964, le Diable par la queue en 1969, les Caprices de Marie en 1970…), lequel disait que sa personnalité avait «certainement été influencée» par Boulanger. Pour Claude Chabrol, il signera les dialogues de Marie-Chantal contre le Dr Kha en 1965, mais aussi l'adaptation du Cheval d'orgueil, de Pierre Jakez-Helias en 1979.
Au cinéma, qu'il aimait tant, Boulanger multiplie les petits rôles. Dans A bout de souffle (1959), de Jean-Luc Godard, il est l'inspecteur de police Vital, qui interroge Jean Seberg et tue Belmondo. Dans Tirez sur le pianiste