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Libération
critique

Fouché, le génie si vil

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Le cahier Livres de Libédossier
Emmanuel de Waresquiel retrace l’itinéraire de l’intrigant qui a toujours poursuivi un but de haute politique, de la Révolution à la Restauration, transcendant ses turpitudes
Portrait du redoutable homme politique Joseph Fouché (1759-1820). (Photo Bibliothèque nationale. Paris)
publié le 29 octobre 2014 à 18h16

C’est un beau livre sur une âme laide, c’est l’histoire tortueuse d’une franche canaille, Joseph Fouché, terroriste, ministre, policier sinistre, opportuniste sans foi ni loi et pourtant fidèle à une idée. Il y a quelques années, Emmanuel de Waresquiel avait donné la biographie foisonnante d’un autre gredin de haut vol, Talleyrand, prince des diplomates, duc de la trahison, comte de la corruption. Il s’intéresse cette fois-ci à son alter ego dans le cynisme, Fouché, duc d’Otrante et roi de l’intrigue, aussi sombre que l’autre était brillant, même si cette ombre et cette lumière cachaient, au fond, la même immoralité.

Ces deux-là vont bien ensemble. Personnages décisifs de la Révolution, de l'Empire et de la Restauration, ils ont survécu à tout en trahissant tout. On se souvient que Chateaubriand les a croisés à Gand, venus bras dessus, bras dessous, négocier avec Louis XVIII après Waterloo. La formule a fusé, assassine et célèbre : «Une porte s'ouvre, entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, Monsieur de Talleyrand soutenu par Monsieur Fouché.»

Cimetière. Pourtant, cette biographie nouvelle, après celles de Madelin, de Zweig ou de Tulard, est aussi un hommage. Sans rien cacher des forfaits de son héros, Waresquiel confesse son admiration pour le ministre de la Police de Napoléon. Il lui trouve même une sorte de droiture dans le reniement. Le crime, Fouché l'a fréquenté tôt. Professeur de mathématiques chez les Ora