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Libération
critique

Greta Garbo, enchères et en os

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Le manteau de la star en fil rouge d’une quête de soi
Greta Garbo photographiée par Ruth Harriet Louise. (Photo DR)
publié le 29 octobre 2014 à 18h16

«La mode passe, le style reste.»

Cet aphorisme lancé un jour par Coco Chanel a les qualités et les défauts des citations prononcées pour combler le vide dans une conversation : tarte à la crème et pourtant avéré.

Il conviendrait de lui ajouter une suite. Le style reste, évidemment, mais il change sans cesse, vagabonde et se matérialise dans des objets qui semblent à chaque époque nouveaux : le débardeur blanc de Marlon Brando, les cravates de Cecil Beaton, les costumes trop courts de Wes Anderson, les blouses de Monica Vitti, les robes drapées de Tilda Swinton… C'est toute la question de la perméabilité du style qui traverse le Manteau de Greta Garbo, premier roman de Nelly Kaprièlian, journaliste en charge des pages Livres des Inrockuptibles et de Vogue.

Cache-cache. Dans la matinée du 15 décembre 2012, la narratrice est à Los Angeles, dans une vente aux enchères des effets de Garbo : «La garde-robe a été pulvérisée, éparpillée aux quatre coins du monde. Nous étions dix dans la salle, rivalisant avec autant d'ordinateurs connectés au monde entier. Chacun de nous s'en ira avec un fragment du corps de la star qu'il aime, et qu'il s'est enfin approprié par la grâce d'un seul objet, petit fétiche donnant l'illusion de participer au grand tout de sa vie.» A plusieurs reprises, Kaprièlian synthétise tout ce qu'un (bel) achat vestimentaire peut représenter de culte de la rareté, de narcissisme, de jeu