Ce mercredi vers 13 heures, elle descendra sur la place Gaillon, que la presse audiovisuelle transforme une fois par an en ZAD. Elle ira, dans la cohue, cueillir un écrivain hagard et fébrile à sa sortie de taxi ou au troquet d’à côté, l’emmènera jusque dans un salon au premier étage du restaurant Drouant, le plongera dans un corps à corps dont le pauvre sortira avec un chèque de 10 euros, des ventes assurées de plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et ce terrible châtiment d’avoir eu le Goncourt, c’est-à-dire de ne l’avoir plus jamais (sauf à être facétieux comme Gary-Ajar). Marie Dabadie, c’est l’ange de l’Enfer.
C'est aussi une femme charmante, sémillante avec laquelle nous allons bavarder dans l'arrière-salle du Rouquet, boulevard Saint-Germain, à deux pas de son domicile. Elle est plus souvent sollicitée pour distiller des anecdotes sur l'académie Goncourt - dont elle est secrétaire, administratrice et seule salariée - que pour parler d'elle-même. Aussi est-elle venue avec quelques notes, sait-on jamais. Dans son carnet, elle a griffonné des choses comme ( «rien ne vaut d'être pris au sérieux sauf les souffrances que l'on s'inflige soi-même, et encore ces souffrances sont-elles dues au seul fait qu'on les prend au sérieux»). Cette formule, elle la tient de Norbert Bensaïd, médecin et psychanalyste assez couru dans le Paris du siècle dernier qui la fit parler pendant quatre ans lorsque, dans les années 90, elle ressentit le besoin de faire le poi