Yu Hua, 54 ans, a exercé la profession de dentiste avant de se consacrer à la littérature et de publier des best-sellers traduits dans le monde entier. Son deuxième roman, Vivre !, a été adapté au cinéma par Zhang Yimou (grand prix du jury au Festival de Cannes en 1994) et son œuvre majeure à ce jour reste Brothers, publié en France en 2008 par Actes Sud. Yu Hua, qui vit à Pékin, est revenu à Paris début octobre pour parler de son dernier-né, le Septième Jour, en compagnie de ses fidèles et excellents traducteurs Angel Pino et Isabelle Rabut.
Votre roman débute dans un crématorium et se poursuit dans une sorte de purgatoire, entre la vie et la mort. Vous croyez à l’au-delà ?
Non, c'est un procédé littéraire. La réalité chinoise est extrêmement complexe à décrire, il faut toujours trouver un angle, sinon on s'y perd. Pour le Septième Jour, ce qui a provoqué l'étincelle, c'est la pièce de Jean-Paul SartreMorts sans sépulture, que j'avais lue dans les années 80 et dont je me suis brusquement souvenu. Ce titre est devenu mon angle pour parler de toutes les choses qui se passent en Chine depuis longtemps, choses que tout le monde a fini par trouver normales alors qu'elles ne le sont pas. Dans mon livre, des morts se croisent et se remémorent leur vie, cela permet de rassembler toute la réalité chinoise. Sans ce procédé, il aurait fallu un livre énorme, bien plus gros que le précédent roman, Brothers. Cela m'est venu tout d'un coup : le personnage reçoit un coup de fil de la morgue, il est en retard pour aller se faire incinérer… j'ai écrit la suite en six