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Critique

Mamelouks déchaînés

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Julien Loiseau se penche sur la puissance de cet Etat au Moyen Age
publié le 12 novembre 2014 à 17h06

Dès l'origine, les empires musulmans ont eu besoin de s'approvisionner en esclaves au-delà des frontières car la loi islamique interdisait d'asservir toute personne libre, musulmane ou non, au sein de l'espace de l'empire. A partir de la fin du IXe siècle, nombreux sont les dynastes qui se constituent ainsi une garde prétorienne d'origine étrangère et servile. Achetés enfants dans le Turkestan ou dans les steppes de Russie méridionale, ces mamelouks (esclaves) ont pour destin de devenir des soldats. Ils constituent souvent l'élite de l'armée et leur poids politique ne cesse de croître, en particulier en Egypte où ils prennent le pouvoir dans les années 1260, profitant des désordres créés par les conquêtes mongoles au sein de l'empire abbasside.

Cet Etat mamelouk qui s'étend rapidement jusqu'en Syrie perdure jusqu'aux conquêtes ottomanes au début du XVIe siècle. Mais sa survie est conditionnée par l'alimentation régulière en nouveaux esclaves, assurée par un nombre restreint de grands marchands musulmans mais aussi chrétiens, en particulier les Génois très actifs en mer Noire.

Mariage. Les jeunes mamelouks changent fréquemment de maître avant d'être affranchis mais, même devenus libres, ils restent dans la dépendance de leur dernier maître. Des liens affectifs se créent et il n'est pas rare qu'un mamelouk épouse la fille de celui qui l'avait affranchi. L'identité et l'esprit de corps des jeunes esclaves soldat