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Libération
Critique

Moral d’acier contre les bombes

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Les mauvais calculs des belligérants lors de la guerre de 39-45, par Richard Overy
publié le 12 novembre 2014 à 17h06

Victoire et apocalypse. Ces deux termes caractérisent somme toute l’idée que les chefs et les peuples se forgèrent du bombardement aérien avant comme durant la Seconde Guerre mondiale. Les premiers pensaient que leurs appareils leur permettraient de vaincre sans le concours des forces terrestres ; les seconds redoutaient la mort qui, pensaient-ils, s’abattrait des cieux. Dérivant des principes posés par le stratège italien Douhet, ces deux postulats, pourtant, ne correspondent qu’imparfaitement à la réalité, comme le démontre avec brio l’historien britannique Richard Overy.

Si à Varsovie (1939) comme à Rotterdam (1940) les opérations aériennes furent initialement lancées en appui des offensives terrestres, elles ne tardèrent pas à s’en émanciper pour mener une guerre parallèle. Incapables de monter un débarquement, les Allemands pilonnèrent l’Angleterre à partir de 1940 puis se concentrèrent sur Londres afin de détruire l’industrie britannique et de briser le moral des civils. Faute d’ouvrir un second front impatiemment réclamé par Staline, la Royal Air Force puis son alliée américaine soumirent à leur tour le Reich à un déluge de feu, croyant à l’unisson anéantir l’économie allemande et désolidariser la population de son Führer.

Météo. Ces espérances furent déçues. De fait, le bombardement stratégique n'infligea que des dégâts limités - la production d'armement crût en Allemagne jusqu'en juillet 1944. La défense antiaérienne provoquait de