Les graffitis ont acquis une légitimité dans l’art contemporain, forme reconnue et valorisée de transgression. La notion de
«graffiti historique»
s’est même développée depuis le début des années 90 pour désigner des inscriptions ayant une valeur de témoignage historique, à la suite en particulier des débats sur le caractère patrimonial du mur de Berlin et des multiples traces et inscriptions sur la face regardant Berlin-Ouest.
Par contre, l'histoire de l'art ne s'est pas intéressée à eux, quand elle ne les a pas tout simplement identifiés à des formes de vandalisme. Sur les reproductions des fresques les plus classiques de l'art occidental, tout est fait pour que la surface picturale paraisse «intacte et lisse». On ne voit aucune inscription ajoutée, ni marques ni graffitis, alors que souvent, une observation directe fait découvrir «des murs striés d'inscriptions, de noms, de dessins ou d'esquisses souvent indéchiffrables». Or, comme l'affirme Charlotte Guichard, «ces graffitis documentent un lien ancien de familiarité avec les "grandes" œuvres qui a disparu avec l'âge muséal et la conscience d'une responsabilité collective dans la protection et la conservation des objets du passé».
Filiation. En prenant appui sur l'exemple de Rome depuis la Renaissance, l'auteur s'efforce au contraire de réintégrer le graffiti dans l'histoire des œuvres et de leur réception. Elle montre que, s'il s'est imposé dans les soc