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critique

Mètres du monde

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Comment, d’après le philosophe Olivier Rey, la taille excessive, l’exagération ou l’excroissance, mènent la société à la catastrophe.
L’ouvrage est en réalité une explication, une illustration, une intelligente «utilisation» de la pensée d’Ivan Illich (1926-2002). (Photo AFP)
publié le 19 novembre 2014 à 17h26

Qui pourrait sérieusement soutenir que la taille importe peu ?

Small is

not

beautiful.

Mais

big

non plus. C’est la taille moyenne, ni trop petite ni trop grosse, qui serait la bonne. Avec ses 33 barres de 11 étages et ses 2 870 appartements, la cité est invivable. Avec ses quelques maisons et sa place déserte, le village est un cimetière. Vive la ville moyenne. La témérité, c’est trop. La lâcheté, pas assez. Le courage est la juste mesure. Quel est le souverain bien, le plaisir ou la sagesse ? Aucun des deux, répond Platon dans le

Philèbe

: le premier bien est la

mesure

(metron), ce qui est

mesuré

(to metrion) et

opportun

(to kairion), puis viennent le proportionné (to summetrion), le beau, l’accompli, le suffisant, l’adéquat, et, seulement après, l’intelligence (noûs) et la sage prudence (phronesis). Qu’on s’essaie à parler d’architecture ou de politique, de morale ou d’urbanisme, d’économie ou de pédagogie, de technique, de médecine ou d’écologie, en prenant pour para

mètre,

c’est le cas de le dire, les notions de petitesse et de grandeur : les résultats sont étonnants ! C’est ce que fait Olivier Rey, mathématicien et philosophe, dans

Une question de taille.

Drapeaux. L'ouvrage est en réalité une explication, une illustration, une intelligente «utilisation» de la pensée d'Ivan Illich (1926-2002). Le penseur autrichien naturalisé américain - prêtre catholique jusqu'en 196