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Libération
critique

A cause du peuple

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Le programme des défaites de la gauche, un essai de Nathalie Quintane.
Ce que la gauche a définitivement lâché, dans les Années 10, c’est le peuple. (Photo DR)
publié le 26 novembre 2014 à 17h26

C'est un livre savoureux. Non, on blague. Rien d'émollient ni de moelleux ici, c'est au contraire épouvantable et à hurler de rire, un livre désespéré et surdoué, qui soulage comme un couteau planté dans la main. Un essai d'actualité, sur l'impossibilité de penser l'actualité, sur la mort lente de l'intelligence des choses, sur la nécessité de «s'enfoncer deux doigts dans la bouche pour une purge catégorielle» : c'est-à-dire pour arrêter de penser «le peuple» et «les pauvres» via de mauvaises catégories. C'est un recueil critique qui explique «Pourquoi l'extrême gauche ne lit pas de littérature», avec un article qui commence par : «L'extrême gauche, c'est moi.»

«Cinéma». Ce qui fait que Nathalie Quintane, c'est nous. La queue de la comète «Gauche» qui tous les jours s'étonne, s'attriste, se fatigue de devoir repenser à des choses qu'elle croyait réglées. Par exemple ce que Quintane appelle la «chrétianité» de la France, ou le fait que désormais la littérature n'a plus l'air politique si elle ne parle pas directement de politique : or «si, pour être politique, on doit parler de politique, alors c'est qu'on ne comprend pas grand-chose au politique (ni même à la politique)». Du coup, Quintane qui, d'habitude, ne fait que de la littérature, se met, contrainte par l'époque, à faire ce livre de politique, les Années 10, qui parlent de nous (c'est-à-dire de ce qu'on ne voudrait pas ê