«Au même moment, nos oreilles s'emplirent du plus horrible hurlement qui eût jamais été entendu. Personne, parmi des centaines qui s'essayèrent à décrire ce cri, n'y réussit tout à fait. C'était un mugissement dans lequel la douleur, la colère, la menace, et toute la majesté outragée de la nature se donnaient libre cours et se mêlaient dans un hurlement sinistre.» Cette plainte déchirante décrite dans Quand la Terre hurla, est celui de la Terre meurtrie, percée et profanée par les hommes. La nouvelle de Conan Doyle de 1928 fait l'hypothèse que notre planète est une gigantesque créature vivante qui se rappelle aux humains en criant son «indignation par toutes ses fissures, par tous ses volcans».
Pierre. A l'inverse, c'est l'absence de cris, de bruit, ce silence cosmique, magistral et indifférent, qui pétrifie à la lecture de Random. L'impressionnant ouvrage en noir et blanc d'Abdelkader Benchamma, figure virtuose du dessin contemporain, met en scène une apocalypse graphique, muette comme une pierre. Récit fleuve cinématographique qui explose entre nos mains, les éléments s'y déchaînent dans un souffle irrésistible qui balaye les 256 pages.
Ce livre hybride à l’édition très soignée, à la sérigraphie d’une extrême finesse, avec sa couverture toilée évoquant les encyclopédies d’antan, est un ovni. Entre la bande dessinée, le storyboard, l’expérimentation graphique, il navigue entre l’infiniment petit et l’in