Il y a les gagdets détachables, bien sûr, comme le veut la collection. Des plans d'usine, des chants révolutionnaires, des affiches ou des pubs d'époque pour «la cuisine presse-bouton» ou les «maisons du peuple». Mais il y a surtout ces photos en noir et blanc de gars en sarrau, clope au bec et casquette vissée sur la tête, qui exhibent leurs muscles saillants sous les chemises aux manches retroussées. Les patrons posent tout-puissants, arrogants dans leurs costumes stricts ornés de montres à gousset. Certains pourtant, tel Henri Japy dont les usines à Belfort faisaient vivre 5 000 ouvriers, détonnent en créant des pensions pour les retraites, des caisses de secours et des œuvres de bienfaisance. Et puis il y a ce clin d'œil permanent à tout un petit peuple, devant un bistrot parisien, cultivant son jardin ouvrier en proche banlieue, affairé dans une fonderie ou taquinant le goujon en bord de Seine. Cet ouvrage, qui retrace un siècle de vie dans les usines et les ateliers (1880-1980) est un hommage à la fierté ouvrière. Des sardinières de Saint-Guénolé et de la misère bretonne des années 1920 aux gueules noires des corons du Nord qui paient leur lourd tribut au grisou et à la silicose, en passant par le cœur de la Lorraine brisée ou ces «Moulinex» qui voient leurs usines fermer, les Ouvriers esquisse le portrait flatteur d'un monde aujourd'hui en voie de totale disparition. Avec une pointe de nostalgie au fil des pages qui retracent les espoirs nés
critique
Images : Bleu de travail
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Le cahier Livres de Libédossier
«Les Ouvriers» (Photo Les Arènes)
par Gérard Thomas
publié le 10 décembre 2014 à 17h06
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