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critique

La fuite à Ravenne

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Voyage dans la cité italienne, ancienne capitale de l’empire romain d’Occident, inégalée dans l’art de la mosaïque
«Ravenne» (Photo Imprimerie Nationale)
publié le 10 décembre 2014 à 17h07

Aujourd’hui, Ravenne est une Belle au bois dormant, qui s’éveille l’été, quand sur la côte adriatique de l’Emilie-Romagne affluent les touristes. Mais l’approcher en silence est comme traverser le temps, ou le miroir, et se retrouver dans une cité enchantée, offrant de telles merveilles que Dante, Boccace, lord Byron, Hermann Hesse, Freud, Oscar Wilde ou Klimt en furent ensorcelés, et que Carl Gustav Jung, entrant dans le baptistère de Néon, crut être pris d’hallucinations.

Dernière capitale de l'empire romain d'Occident sous Honorius, au Ve siècle, royaume «romano-barbare» du roi ostrogoth Théodoric 1er, «province» (exarchat) d'Orient quand, en 540, le général de Justinien, Bélisaire, la conquiert et l'incorpore à l'empire byzantin, Ravenne, historiquement et artistiquement érigée «entre» la Rome antique et la «nouvelle» Rome, à savoir Constantinople, est la ville de tous les héritages, la ville des basiliques, des cloîtres et des mausolées, la ville des mosaïques - où pour la première fois le christianisme, à l'origine aniconique, s'enrichit d'une véritable iconographie, à la fois symbolique et réaliste, représentant par le langage universel des images, le message biblique et évangélique. «Nous analyserons la genèse de l'art chrétien impérial qui, dès la fin du IVe siècle, puis aux Ve et VIe siècles, fait de Ravenne […] un foyer de renouveau de l'Occident christianisé […], la transition entre le style romain et le s