Les Rouart ? Une famille tombée dans la peinture comme Obélix dans la potion magique, et qui durant un siècle et demi n’en est jamais sortie. Il y a dix ans, le musée de la Vie romantique exposait à Paris «La famille Rouart au cœur de l’impressionnisme». Il s’agissait d’Henri (1833-1912) et de son fils Ernest (1874-1942), époux de Julie Manet, elle-même artiste et fille du peintre Berthe Morisot. Au musée des beaux-arts de Nancy, la troisième génération les rejoint avec Augustin (1907-1997), petit-fils du premier sans être fils du second : la tribu Rouart a été et reste nombreuse. Augustin est le père de l’écrivain Jean-Marie, qui a prêté une soixantaine d’œuvres.
Métro. Commençons par la fin, par lui. De son vivant, Augustin se fiche de vendre. Il peint pour s'isoler, avec une obsession monastique et un orgueil muet et hors de contexte que caractérise, dans le catalogue (1), Frédéric Vitoux : «Il existe comme cela, à chaque génération, des artistes parfaitement à l'écart des combats formels de leur temps.» Il change de style selon l'humeur, mais pas selon l'époque, ne suivant que l'agenda solitaire de ses rêveries d'artiste et d'héritier ; chaque toile semble un hommage aux souvenirs qui ont fait sa famille. Un Mimosa en vase de 1945 rappelle les derniers bouquets de Manet, ami de son grand-père. Une bouche de métro dans la nuit de 1945 évoque la splendeur ironique et muette, l'étoffe sombre de Vallotton. Ailleurs, le Japon