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Interview

Jeff Lemire : «C’était beaucoup de boulot»

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Entretien indé.
Extrait de "Trillium" (Photo Jeff Lemire.DC.Urban Comics)
publié le 15 décembre 2014 à 17h06

Jeff Lemire est avant tout un auteur de bande dessinée indé. Essex County, sa première œuvre traduite en français (chez Futuropolis), est une merveille rurale et gelée. Une fresque familiale autant qu'une déclaration d'amour à son Canada natal. Jack Joseph (toujours chez Futuropolis) se concentrait sur les doutes d'un homme-grenouille en passe de devenir père. Et le très beau Sweet Tooth, encore inédit en France, donne dans le survival humaniste. Attendu à la Paris Comics Expo fin novembre, Jeff Lemire a annulé sa venue au dernier moment et c'est par mail qu'on l'a contacté.

Ses débuts dans la BD

«Le comics, c'est mon premier amour. J'en fais depuis tout petit. Mais j'ai été élevé au fin fond du Canada, au milieu de fermiers et de travailleurs agricoles, et faire une carrière artistique n'était pas une option. Plus tard, je suis tombé amoureux de Lynch et de Kubrick. A l'époque, l'industrie du cinéma était très dynamique à Toronto et, pour le coup, ça me semblait envisageable de trouver du boulot dans ce domaine. J'ai donc fait des études de cinéma. Mais plus j'avançais, plus le dessin me manquait. Et aussi le côté direct du comics, où il suffit de jeter son idée sur le papier sans qu'on ait besoin d'acteurs, d'équipe technique ou de budget… Ça me convient mieux. Une fois l'école terminée, je me suis voué corps et âme à la BD. Pendant huit ou neuf ans, j'ai dessiné tous les jours. Le soir, je bossais com