Qu'ont en commun tous les livres, anciens ou nouveaux, bons ou mauvais ? Que partagent les romans courts ou longs, signés de Balzac ou de Marc Levy, achetés neufs ou d'occasion ? Ils possèdent tous un «achevé d'imprimer». C'est-à-dire quelques lignes mentionnant la date d'impression et le nom de l'imprimeur (presque toujours en fin d'ouvrage) ainsi que le nom de l'éditeur et le numéro ISBN de l'objet (au début, le plus souvent). Il s'agit d'une obligation légale. Le code du patrimoine impose en effet à «tout éditeur, imprimeur, producteur ou importateur» de déposer à la Bibliothèque nationale tout document qu'il «édite, imprime, produit ou importe en France» - n'échappent peu ou prou à cette obligation que la correspondance privée et les textes qui ne sont pas diffusés au-delà du cercle de famille -, or il se trouve que ce dépôt légal nécessite de renseigner un achevé d'imprimer.
Sous une forme ou sous une autre (hier, un colophon), la chose dure depuis près d'un demi-millénaire puisque c'est le 28 décembre 1537 que François Ier institua le dépôt légal afin de créer une collection de référence, «élément essentiel de la mémoire collective du pays». C'était aussi, pas si accessoirement que cela, un moyen de savoir qui éditait ou imprimait quoi.
Il était bien temps pour cette chronique - qui fut créée il y a dix ans, et s’achève aujourd’hui avec cette livraison : merci et adieu ! - de s’intéresser à ce paratexte qui hante toute la production