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Libération
critique

Cécile Brunschvicg, adjointe aux mères

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La féministe pragmatique, secrétaire d’Etat en 1936, défendait une vision traditionnelle de la femme.
Des femmes manifestent pour leur droit de vote en mai 1936. (Photo AFP)
publié le 17 décembre 2014 à 17h06

«Féministe d’abord»,

tient à souligner d’emblée l’auteur, conservatrice à la BNF. Pourtant, évoquer le nom de Cécile Brunschvicg, c’est aussitôt se rappeler qu’elle fut, avec Irène Joliot-Curie et Suzanne Lacore, l’une des premières femmes à participer en France à un gouvernement, celui du Front populaire, en tant que sous-secrétaire d’Etat à l’Education nationale. Blum osa en 1936 cet incroyable paradoxe au pays des droits de l’homme : partager l’exécutif avec des femmes ni éligibles ni électrices.

Philanthropie. Le président du Conseil n'envisagea pas de modifier cet état, afin de conserver l'appui du Parti radical, ouvert certes aux femmes mais hostile à leur pleine citoyenneté, par peur de leur supposé conservatisme. La situation est d'autant plus étonnante que Cécile Brunschvicg, née Kahn, venue au féminisme par la philanthropie bourgeoise et son intérêt jamais démenti pour les questions sociales, à l'indéniable dimension genrée, appartenait elle-même au Parti radical, tout en continuant de proclamer la neutralité politique du féminisme. Elle est alors une actrice incontournable de la tendance réformiste, à la présidence depuis 1924 de l'Union française pour le suffrage des femmes. Ce suffragisme n'est qu'un aspect de son féminisme, enfin connu grâce à la restitution de ses archives et de celles de son mari, le philosophe Léon Brunschvicg, saisies par les nazis, puis conservées sans communicabilité en Union soviétique jusqu'à