Le great american novel est certes un genre flottant, mais rien à craindre : dans le doute, tout y est. Bon élève, le Fils combine fresque historique (de la guerre américano-mexicaine à l’invasion de l’Irak) et épopée familiale (trois générations tressées), rêve américain en clair-obscur et grands espaces en toile de fond. Il y a ampleur et ambition, fierté et flagellation. Au cinéma, on serait chez Paul Thomas Anderson. En prime, l’auteur, de passage à Paris, nous livre une genèse d’oscarisable avec training: apprendre à survivre en forêt, à pister le gibier, à identifier les plantes comestibles en fonction des saisons, ont été des étapes du processus d’écriture, jusqu’à la révélation du feu qui finit par prendre après une semaine à gratter deux bouts de bois. Des «stages de vie primitive» quand d’autres prennent des cours de creative writing, le tout comme manifeste d’une littérature performative façon Actors Studio.
«Mythologie». Avant de connaître le succès outre-Atlantique, Philipp Meyer, 40 ans, n'a pas fait que camper dans les bois. Pour subvenir à ses besoins, ce natif de Baltimore a été, suivant l'ordre chronologique, trader pour une banque suisse, ambulancier et ouvrier du bâtiment. S'il s'est su écrivain dès l'âge de 20 ans, il a attendu d'en avoir 33 pour réussir à publier son premier roman. American Rust remporta le Los Angeles Times Book Prize et fut traduit en français en 2010 (Un arrière-g