Sans choix, la liberté n’est pas. Mais, quand on a le choix, la liberté est empoisonnée, car elle est forcée d’élire un élément et d’éliminer tous les autres, qui auraient pu se révéler fructueux. Ceux dont le métier est de sélectionner et diffuser les informations sont plus soumis que d’autres à cette «perversion» du choix. Le critère de tri et de hiérarchisation le plus évident semble être celui de l’
importance.
Mais la notion est incertaine : qu’est-ce qui est plus important et mérite le traitement médiatique le plus ample, une conférence de presse de François Hollande ou la fermeture d’une usine, le suicide d’un chômeur ou le meurtre d’un enfant, le lancement des soldes ou l’exploit d’une équipe sportive, une découverte scientifique ou les tribulations de Nabila ?
Fièvre. Aujourd'hui, la question est, de fait, résolue : l'événement le plus «important» est celui qui frappe davantage la sensibilité et provoque le maximum d'émotion(s). Ce qui explique par exemple qu'en dix ans, selon une enquête de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), la présence des faits divers dans les journaux télévisés ait augmenté de…73% ! La «captation émotionnelle» passe par toutes les voies, la presse écrite, les canaux audiovisuels, les réseaux sociaux, et s'exerce dans tous les domaines, politique, économique, culturel, social, sportif, religieux même. La fièvre émotionnelle du samedi soir, c'est tous les jours, toutes les heures, minut