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Les femmes létales du IIIe Reich

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L’historienne Wendy Lower se penche sur l’implication des épouses, sœurs, amantes ou filles de nazis dans la Shoah.
La Bund Deutscher Mädel (Ligue des jeunes filles allemandes, branche féminine des Jeunesses hitlériennes. (Photo Wikimedia Commons Deutsches Bundesarchiv)
publié le 25 décembre 2014 à 18h16

Ce titre, un peu racoleur, se réfère sans doute au surnom du public féminin de la Révolution : «les furies de la guillotine», réputées plus cruelles que les hommes. L’historienne, consultante à l’US Holocaust Memorial Museum, veut donc comprendre cette transgression de genre que signe la participation à la Shoah de femmes, assignées par leur éducation à une douceur dite naturelle.

«Sacrifice». Avant de saisir le comment, l'ouvrage s'attache au pourquoi : quels motifs ont conduit un tiers des Allemandes, selon Lower, à soutenir une idéologie virilisante à l'extrême qui les vouait aux «trois K» (Kinder, Küche, Kirche, soit enfants, cuisine, église) ? Hitler estime que l'héroïsme de «la femme», une mère au service de l'Allemagne, est par «sa persévérance et son sacrifice éternels» l'équivalent de celui des hommes au combat.

Au cœur des années 30, l'auteure déterre les racines qui nourrissent «la génération perdue des femmes allemandes», formatée par l'endoctrinement de la branche féminine des Jeunesses hitlériennes. Cette formation leur insuffle une ambition censée servir le système nazi, mais en la détournant de la sublimation de la sphère privée, elle génère des rêves de promotion sociale, de réussite professionnelle, d'indépendance du cercle familial, voire d'aventure. Ainsi doit être comprise la réponse de centaines de milliers d'Allemandes à l'appel de l'Est qui avait, leur disait-on, «besoin d'elles» pour serv