Le temps a un peu marqué son visage carré de beau brun échevelé. Les cernes sont prononcés, peut-être les valises de sa tournée. On voyait Neil Gaiman comme un éternel adolescent, l'incarnation humaine de Dream, le héros- antihéros de Sandman, bande dessinée culte qui l'a fait connaître. Même s'il semble toujours surgir d'un pli mystérieux de la réalité, l'écrivain, scénariste et réalisateur, porte bien ses 50 ans. Sa panoplie n'a pas changé. Noir sur toute la ligne, même si une veste a remplacé le perfecto de la dernière fois. Seul accessoire, une chouette, symbole d'une association néo-zélandaise qui milite pour la lecture, épinglée au revers du veston. Neil Gaiman a toujours l'allure d'une rock-star. Mais c'est l'imaginaire qu'il porte en bandoulière. La musique, c'est l'affaire de la fantasque chanteuse punk Amanda Palmer, sa femme depuis 2011.
Son dernier roman, l'Océan au bout du chemin, se voulait d'abord un cadeau à l'intention d'Amanda, «comme un bouquet de fleurs». En 2012, la musicienne de son cœur part en Australie pour enregistrer un album. Lui se réfugie alors en Floride chez son amie, la pianiste de rock rousse Tori Amos. Mais Amanda lui manque. Il décide de lui écrire un texte bourré d'émotions, épicé de réalisme magique, dans lequel elle puisse voir à travers ses yeux d'enfant. A son retour, quatre mois plus tard, le cadeau s'était métamorphosé en roman. Le geste d'amour surpassait bientôt l'indéboulonnable Dan Brown à la tête des b