S'il est un journal qui marche, c'est bien le Cronica. Il n'est que le troisième quotidien de Barcelone, mais il est très populaire et influent. Nous savons d'entrée de jeu que le directeur de la rédaction, Dani Santana, pourtant fraîchement nommé, vient de démissionner, et qu'il y a eu mort d'homme. Santana raconte comment il en est arrivé là, tel est le mouvement du roman. Présentateur de télévision (il avait la cravate, l'oreillette et le prompteur), il a été promu par A. B. C., qui est venu le chercher sans lui donner la possibilité de refuser. On ne sort pas du groupe Blanco. A. B. C., qui tient son surnom des initiales brodées sur ses chemises, en est le directeur général, aussi vénal, vulgaire et odieux que Santana est intègre - ou naïf, c'est selon. Il tente de respecter une certaine tradition journalistique. Du genre : il faut raconter ce qui se passe, point final. La devise courante est plutôt : «Ne croyez aucune info avant qu'elle ne soit officiellement démentie.» Ou encore : «If it bleeds, it leads.» De fait, on va vers le bain de sang , des terroristes islamistes préparant un attentat. Bouclage à Barcelone est un titre à double détente. La rédaction du Cronicaboucle à 23 heures, c'est le côté vocabulaire professionnel. Il s'agit aussi, pour les flics, de boucler tout un quartier. L'intendante de la police catalane, Eva Bosch - pourquoi porte-t-elle le même nom que l'auteur, on n'en sait rien - couche avec le chef du service Société, Senza. Celui-ci sort d'une dépression et d'un divorce. La pension alimentaire le laissant sur la paille, il vend au réseau islamiste les infos que la police veut bien lui donner. Un autre genre d'enveloppe contient de quoi bousiller une carrière politique. Les points de vue se succèdent, chaque personnage est à la fois une marionnette et celui qui tire les ficelles.
Critique
«Bouclage à Barcelone», rien ne va plus
publié le 17 juin 2015 à 17h56
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