1, 2, 3, 4. Avec Histoire de points, Andy Mansfield réalise une synthèse gaie et colorée de trois des genres les plus classiques à destination des petits enfants : l'histoire de comptage (combien de lapins ?), l'histoire de cachettes (trouve le chasseur !) et l'histoire de «pop-up» se dépliant joyeusement. Le tout avec un parfum de casse-tête, et dans un graphisme minimaliste - uniquement des points colorés sur fond blanc - qui évoque un peintre abstrait.

Dès le départ, le principe est donné : c'est en rabattant quatre petits volets prédécoupés que l'on recréera le point rouge manquant. Coup d'envoi de dix montages ingénieux, tous différents, dans lesquels il faut retrouver un point manquant, puis deux points manquants, puis trois points manquants, quatre, cinq, six, sept… La petite gymnastique porte sur la reconnaissance des couleurs, le décompte, la coordination ; on tire, on reflète, on déplie, on tourne, on glisse ; il faut aussi être tenace et accepter de remettre en question ce qui semblait un acquis - faire disparaître pour mieux faire réapparaître. C'est à la fois simple et sophistiqué, inventif et beau ! Si l'ouvrage est destiné à faire réagir les tout-petits, l'on ne saurait dire que c'est un jeu d'enfants : certaines pages demanderont une quête obstinée, et leur apprivoisement complet nécessitera certainement plusieurs lectures. Gageons que les pages les plus délicates donneront du fil à retordre aux parents même ! Huit, neuf, dix, cerise sur le gâteau, on restera rêveur devant le résumé de quatrième de couverture qui annonce un total de 45 points cachés : y en a-t-il vraiment 45 ? L'occasion d'un dernier petit décompte énigmatique. Comme le dit un aphorisme fameux, «la marque de la sagesse est de trouver le miraculeux dans le commun» et l'on aura bien des occasions de trouver de petits miracles dans le bel ouvrage simple et pointilliste de Mansfield.