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Libération
Critique

Le «Magicien d’Oz» relooké, chapeau !

Recueil des dessins au graphite de Stéphane Levallois
publié le 18 décembre 2015 à 17h26

Pourquoi ne pas revisiter, cent-seize ans après, le look de Dorothée, de son chien Toto et de la petite maison du Kansas emportés par une tornade dans le Magicien d'Oz ? Le roman de L. Frank Baum, paru en 1900, ambitionnait de dépoussiérer le conte de fées. A l'époque, il avait été illustré par William Wallace Denslow. Le film musical de Victor Fleming, sorti sur les écrans en 1939, fixera encore l'imaginaire attaché à cet univers. En 2013, Le Cherche Midi décide de publier le cycle entier du Magicien d'Oz, devenu une légende du patrimoine américain, dont seulement trois épisodes avaient été traduits en français, alors que Baum en écrivit quatorze au total avant sa mort, en 1919.

Avec la parution du troisième tome (la Cité d'émeraude d'Oz, 512 pp., 22 euros), la maison d'édition publie un beau livre dédié aux seules planches de Stéphane Levallois. Le dessinateur et designer qui travaille pour la publicité et le cinéma, également auteur de romans graphiques, a donné une nouvelle plastique à la clique d'Oz. Ce n'est pas toujours simple de secouer les poncifs mythiques pour imaginer un nouveau graphisme.

«Osons le postulat suivant : inventer des mondes est chose facile, écrit l'auteur et traducteur Claro, à l'origine de l'édition de l'intégrale Baum. Mais réinventer des mondes ?! Poser son pinceau sur la toile déjà sèche ? Déformer des traits qu'on croyait à jamais gravé ? Jeter son souffle au milieu d'un grand vent ? Non, réinventer le monde tel que l'on nous l'a légué requiert davantage qu'une once d'audace et un soupçon de fantaisie.»

Stéphane Levallois a ainsi réalisé plus d’une centaine de dessins au graphite pour ce projet. Dans certains, on sent l’influence du peintre viennois Egon Schiele, mais aussi celle du cinéma et d’une esthétique japonisante. Et l’ensemble, oui, donne l’impression qu’une tornade s’est engouffrée dans l’esthétique yankee pour s’approprier totalement cette histoire merveilleuse de passage de l’autre côté du miroir.