«Benedict Cumberbatch, vous dites. C'est un drôle de nom, c'est un pseudonyme ?» Le professeur d'anglais de l'héroïne, Dominique, élève en seconde, ne connaît pas la star de la série Sherlock. Dominique est fan de Cumberbatch, «ce grand échalas au nom à consonance de concombre». Dans le troisième roman d'Isabelle Coudrier, plusieurs noms sont étonnants. Dominique : ne porte-t-elle pas un prénom qu'on ne donne plus aux filles de sa génération ? Sa mère s'appelle Charlotte : ce prénom n'est-il pas plus adapté à une jeune fille qu'à sa mère ?
Les apparents décalages générationnels ne s'arrêtent pas là : le thème de Babybatch pourrait être celui d'un roman destiné aux adolescents, et pourtant nous sommes sur la même longueur d'ondes. Nous lui trouvons énormément de charme. L'auteure imagine avec douceur la mue subtile de Dominique, garçon manqué, rousse, dégingandée et mesurée dans ses jugements. A 15 ans, c'est rare. Dominique ne va jamais plus vite que la musique et ce rythme tempéré donne au livre sa beauté. Elle observe ce qui change en elle et autour d'elle. Le moment que Dominique partage avec Rachel et Ghislaine, deux autres fans de Cumberbatch plus âgées, est une scène très réussie. Pour la première fois, la jeune fille quitte seule la banlieue parisienne qu'elle habite pour dîner à Paris, entre femmes. Elle est au milieu du gué, un peu en dehors du coup, mais elle est bien.