Menu
Libération
Polar

Joli effroi de mai

Enquêtes gigognes au cœur de la Finlande enneigée.

Publié le 06/04/2016 à 17h11

Parents angoissés s’abstenir. Ce roman noir s’ouvre sur un accident de voiture avec délit de fuite dans lequel périt une fillette de 11 ans. Son père était au volant, il en sort indemne, mais plus vraiment le même. On est début mai dans la ville finlandaise de Turku - et bizarrement, il neige.

L’enquête est menée par un commissaire de police doux et mélancolique qui tente d’oublier la mort de la femme qu’il aimait dans les bras d’une prostituée qui disparaît à intervalles réguliers. Au même moment, un homme et une jeune femme sont retrouvés sur un banc, tués par une arme à feu. Inconnus de l’état civil. Vraisemblablement étrangers. Kimmo Joentaa, le flic mélancolique, est aussi sur l’affaire.

Divers flash-back font remonter le fil de ces histoires. On découvre ainsi un drôle de banquier finlandais, malheureux en ménage et désabusé en affaires, qui croise un jour la route, dans une boîte de nuit d’Ostende, d’une jeune prostituée roumaine qu’il ne parvient pas à oublier.

On suit les échanges bizarres d’un frère et d’une sœur qui semblent bien éloignés l’un de l’autre. Tous ces personnages tissent une toile serrée dans laquelle le lecteur se laisse prendre sans trop comprendre où il va jusqu’à l’incroyable retournement final. L’Allemand Jan Costin Wagner, qui aime à planter ses intrigues dans les décors glacés de la Finlande, où il vit une partie de l’année, sait y faire pour évoquer le vide d’une vie qu’un amour déserte. Et aussi ce pas de deux que l’on exécute en continu avec la mort. Il y a de la folie du cinéaste mexicain Alejandro González Iñárritu dans ces récits éclatés que l’absence rassemble. Et aussi beaucoup de poésie.