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Libération
Critique

Partie sans laisser d’adresse

Publié le 08/04/2016 à 17h21

Le premier roman de la jeune auteure américaine Catherine Lacey raconte l’histoire d’Elyria, une scénariste new-yorkaise d’une trentaine d’années, qui fait le choix d’abandonner sa vie, son mari et son travail pour partir en Nouvelle-Zélande, avec comme seul repère une adresse griffonnée au cours d’une soirée mondaine sur un bout de papier chiffonné. Une destination sans réel but, si ce n’est celui d’échapper à un train de vie confortable devenu insoutenable, et à une existence ravagée par les souvenirs.

Catherine Lacey nous emmène dans un road-trip saisissant d’introspection et d’humanité. La lecture des découvertes d’Elyria est entraînante et invite petit à petit le lecteur à établir sa propre réflexion sur son expérience de la vie. La narration semble parfois en suspens, comme bloquée par le regard de la jeune femme perpétuellement tourné vers le passé. La séparation du corps et de l’esprit est rappelée à plusieurs reprises, et nombreuses sont les images violentes et sanglantes rêvées par le personnage.

Elyria est en permanence à la lisière entre l'extra-lucidité et la démence. Une multitude d'automobilistes, de nombreux barmen, un poète et des hippies… Toutes ces rencontres que fait l'héroïne dans sa recherche de sens ponctuent le texte d'instants en prise directe avec la réalité, contrastant ainsi d'une manière délicieuse avec les remous de sa pensée. Personne ne disparaît est le récit d'une quête hallucinée vers une rupture avec le monde tel qu'on le conçoit aujourd'hui, l'histoire d'une femme qui souhaite plus que tout plonger dans l'inconnu pour mieux disparaître.