Introduites en Afrique subsaharienne à partir des années 80-90, les technologies de la reproduction y sont encore largement méconnues. Face à la stigmatisation sociale et aux pressions familiales (risques de répudiation, divorce, polygamie), des couples inféconds se tournent, souvent à l’insu de la famille et de l’entourage, vers la fécondation in vitro (FIV) au sein des cliniques privées de métropoles africaines. D’autres décident de partir à l’étranger, vers un pays voisin ou sur un autre continent, sur recommandation médicale ou par souci de confidentialité. Dans ce contexte, l’assistance médicale à la procréation est porteuse de profondes inégalités puisqu’uniquement réservée aux classes moyennes, mais il n’est pas exceptionnel que des couples peu fortunés en viennent à vendre des biens ou à recourir à des prêts pour financer une FIV.
Cet ouvrage issu d’un premier colloque sur le sujet fait apparaître que la procréation médicalement assistée est une nouvelle façon de faire des enfants et donc des parents ; mais elle révèle aussi l’émergence de l’idée d’un enfant du couple et non plus seulement du lignage. Elle répond, certes, à un objectif thérapeutique mais est aussi emblématique d’un contexte africain urbain où mariage, sexualité, engendrement et parenté peuvent désormais être dissociés. Deux anthropologues spécialistes et de la parenté et de l’anthropologie de la médecine dans cette région d’Afrique s’expriment et introduisent des communications originales.