Quand un accident, une maladie ou un deuil entrent dans une vie, les volets claquent, et les oiseaux s'envolent. C'est ce fracas que Luc Lang a décidé de nous raconter dans Au commencement du septième jour. Au départ, tout est sous contrôle, comme dans le logiciel de surveillance du temps de travail créé par Thomas : une femme magnifique et brillante, deux beaux enfants, une famille idéale… Puis l'accident de sa femme Camille advient et tout se dérègle. Thomas, mis à nu devant nous, se cogne à cette réalité, cherche des explications, mène l'enquête pour fuir la réalité et nous sommes embarqués, touchés par l'égarement de cet homme, par son désarroi face à ses enfants. Ce livre est celui des infimes particules de réalité perçues en surbrillance par cet homme fracassé, présent au monde, et, dans le même temps, absent d'un lui-même amputé du bonheur passé.
Le roman est construit en trois livres, trois lieux géographiques, trois mouvements, comme dans un concerto : le choc à Paris, le défi dans les Pyrénées de son enfance, et la fuite vers soi au Cameroun. Trois mouvements pour une seule œuvre, du chaos à la reconstruction, chaque mouvement centré sur un personnage, d’abord Camille, puis Jean, le frère de Thomas, et enfin sa sœur Pauline. Une œuvre totale, maîtrisée par Luc Lang qui ne nous livre pas tout, distille des secrets, nous fait suivre de fausses pistes pour nous conduire vers un final d’apaisement.
Le tout est porté par une écriture qui bouge, fait du bruit, obstinée, qui charrie tout sur son passage, mais n’omet pas le sérieux des sujets abordés, la précision quasi technique, ajoutant vérité et force. Dans la Genèse, Dieu s’est reposé le septième jour de la création, laissant l’homme libre. Est-ce la liberté de redonner sens à une vie brisée, de défier la force du destin, dont nous parle Luc Lang ? C’est en tout cas une force incroyable que le lecteur puise dans ce livre vibrant qui pose les bonnes questions et laisse chacun face à ses propres choix, dans l’espoir d’un septième jour.