C'est-à-dire Michel Bussi, c'est le gars auquel tu peux rien, mais rien reprocher. Même son nom rime avec Marc Levy, c'est dire. Avant d'être dans le peloton de tête des écrivains français les plus vendus-lus (enfin, lus, on suppose), depuis 2014, un million par an derrière Musso et qui tu sais, le quinqua sympathique est un universitaire talentueux, sûrement cultivé, professeur à l'université de Rouen, directeur d'un laboratoire de recherche au CNRS, spécialiste en cartographie électorale. Et donc en sus auteur à succès, de Mourir sur Seine, Nymphéas noirs, Un avion sans elle, Maman a tort, Le temps est assassin, thriller qui se passe en Corse alors que Bussi est plutôt ambiance Normandie, et de On la trouvait plutôt jolie, dernier roman inspiré de l'actu, l'immigration, le drame des migrants, les gens pas très très sympas avec eux : un polar autour d'une assosse internationale d'aide aux réfugiés, de types assassinés, de filles plutôt jolies, donc, avec des pendentifs en forme de chouettes, de groupe sanguin dans des love hôtels, etc., etc. L'auteur le confie sur Actu.fr : «Il s'agit de surprises que le lecteur ne voit pas venir. Il se trouve un peu bluffé à un moment donné. Ce roman porte la promesse d'une construction en puzzle, avec des choses qui semblent clocher par moments mais qui s'emboîtent à la fin. » Avec le superbonus de la surprise à la fin, mais ne compte pas sur moi pour spoiler Bussi.
Est-ce hypertrépidant pour l’âme, cette affaire ?
Euh, comment te dire, c'est pas qu'on s'ennuie, non c'est de bonne facture, écrit avec sincérité et cœur et tout ça. Oui, bon ben, on n'évite pas les bons sentiments, le type qui écrit à base de la chanson de Pierre Perret, Lily, forcément il en a sous le capot, du sentiment. D'ailleurs, voilà le résumé du livre avec les mots de Perret : «Elle arrivait des Somalies Lily / Dans un bateau plein d'émigrés / Qui venaient tous de leur plein gré / Vider les poubelles à Paris / Elle croyait qu'on était égaux Lily / Au pays d'Voltaire et d'Hugo, Lily.» Là, l'héroïne s'appelle Leyli et elle vient du Mali, mais tu vois l'idée. On n'évite pas les longues pages qu'on croirait tirées d'un rapport d'Amnesty ou d'une très longue conférence sur le postcolonialisme, les gentils et les méchants, mais on ne va pas lui reprocher de pas être facho non plus. Ni de tisser une intrigue assez intrigante (l'affaire des chouettes et des prises de sang, on n'en dira pas plus).
Alpha Maal ?
Oui, c’est le prénom du frère d’une des héroïnes (on se paume un peu entre la mère et la fille, ne nous voilons pas la face, entre les Bamby et les Leyli), qui a maille à partir avec la justice. En fait si tu réfléchis bien, ça fait mâle alpha, en vrai. Et ? Et rien, c’est juste pour causer. Il y a aussi Julo, Petar, Ryan, Adil, Ruben, mais quoique recherché, c’est moins subtil.
Que se passe-t-il page 32 ?
A part qu'on trouve le cadavre exsangue de la victime qui voulait coucher avec Bamby (ou genre, on n'est pas sûr de tout), exsangue parce qu'elle l'a vidé de son sang comme les autres types de l'assosse (recherche du père ? Tu verras bien, t'as qu'à te gaufrer les 462 pages comme tout le monde) ? Eh bien, on a l'expression désormais culte dans certains milieux autorisés, du flic qui a une réputation de « dur à cuire et de pur en cuir ». Même Chandler n'aurait pas fait mieux.