En apparence, Marco Koskas n’en a plus rien à foutre. La première fois qu’on l’a croisé, pour récupérer son bouquin qui, bien qu’en vente sur Amazon, n’existe pas en numérique, on l’a trouvé à la terrasse de «son» café de Florentine, dans le ventre grouillant et gentrifié de Tel-Aviv, en marcel noir. Un débardeur usé laissant voir cuir tanné et bras maigrelets, poils rebelles sur épaules voûtées et mine chiffonnée. Désinvolture stridente, l’ethos local. Au fond, Marco Koskas se régale de l’attention, et ça remonte vite à la surface, ce mélange d’amertume du rejet et de jubilation d’avoir trouvé la combine. L’instant d’une polémique, l’auteur sexagénaire, dont la modeste notoriété s’était depuis longtemps étiolée, tient sa revanche.
On résume : au printemps, Koskas, une quinzaine de livres au compteur, envoie à une quarantaine d’éditeurs son dernier manuscrit. Une sorte de polar chroniquant les frasques d’un groupe d’olim (immigrés de fraîche date) en Israël, partagé entre matamores priapiques et ingrates pimbêches. Refusé de partout, il décide alors de publier son texte, intitulé Bande de Français, ni relu ni corrigé, via la plateforme d’autoédition d’Amazon, en y ajoutant un logo «Galligrassud». Pour la blague. Il en envoie un exemplaire à Patrick Besson, qui l’a toujours ardemment défendu, bien que les deux hommes ne se connaissent pas. Celui-ci rédige une recension dithyrambique dans le Point, pas gêné par les coquilles et la mise en page digne d’