Cet album s’appelle carrément
le Livre du livre du livre
. Oui, cela fait beaucoup de livres dans un seul. Mais peut-être est-ce l’occasion de découvrir plusieurs histoires pour le prix d’une ? Sur les deux premières pages, un couple en 2CV rouge décapotable, avec un petit garçon à l’arrière, circule sur une route de corniche, qui surplombe une baie vert d’eau, dans laquelle voguent tranquillement une poignée de voiliers et un yacht.
«Quelle belle journée ! L’air est si pur/ Le ciel azur.»
Thomas va à la plage avec ses parents, il a six ans. Il s’y ennuie vite, s’éloigne et se perd.
C'est alors qu'il tombe sur un livre oublié sur le sable. Il se retrouve à lire sa propre histoire dans un paysage d'hiver cette fois-ci; ensuite ce sera dans un décor martien. Ce principe de la poupée russe, des livres différents et pourtant semblables enchassés les uns dans les autres, a ceci de fascinant qu'on ne sait pas comment en sortir. On songe aussi au texte pour adultes d'Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur, dans lequel le narrateur commence des romans qui le passionnent, mais dont il manque chaque fois les pages de la fin.
Thomas répète donc son arrivée avec ses parents par trois fois dans trois contextes différents. Ce bégaiement a quelque chose de fantastique, à l'image du Jour sans fin d'Harold Ramis, où le héros, perdu dans une boucle temporelle, recommence la même journée tous les jours. On ne révélera pas comment Thomas s'en sort. Cet album avec son côté paradoxe se lit dans un graphisme pur, aux couleurs pastel, avec des bleus-verts dominant. L'illustrateur Simon Bailly apprécie manifestement les rayures et l'équilibre du chiffre trois. L'écrivain Julien Baer, également musicien, aime jouer les mises en abymes. On repart sur la corniche.
Le livre du livre du livre, de Julien Baer et Simon Bailly, Hélium, 56 pp., 16,90 €. Dès 4 ans.