Ce livre est dingue, complètement dingue. Une ambiance bien glauque, une phrase sublime à chaque paragraphe, un héros qui nous accroche, torturé, humain et pur. Nick Corey est shérif dans l'Utah mais il ressemble à tout sauf à un shérif. C'est un Apache adopté par des parents blancs, des parents adorés qui l'ont élevé avec amour avant de se faire atrocement assassiner par un tueur en série. On est en 1954, la folie des soucoupes volantes bat son plein. Un jour, alors qu'il fait sa tournée de nuit, Corey découvre une voiture abandonnée où subsistent des effluves de l'Heure bleue, parfum français reconnaissable entre tous. Au même moment, il voit atterrir un chasseur Sabre, sans lumière et sans pilote. L'armée et le FBI se mettent sur le coup. Le FBI, justement : il est représenté par Jack White, dont Corey va tomber éperdument amoureux, l'histoire entre ces deux hommes est magnifiquement décrite. Mais ça se corse : Corey va se retrouver confronté au tueur en série qui a massacré ses parents et l'a épargné. Le type est un fou furieux, il lui laisse des signes, il joue avec lui et Corey galope. Il l'a appelé «le dindon» car, avant de trucider ses proies, il émet des petits rires de gorge qui rappellent le gloussement de l'animal. On voudrait pouvoir citer toutes les phrases qu'on aime, mais ce numéro n'y suffirait pas, il y a une forme de génie chez Morgiève, même si son bouquin est foutraque. Pour Corey, «l'enquêteur devait être pragmatique, simple. L'enquêteur devait vivre dans le caleçon de celui qu'il chassait, bouffer ses morpions, boire son sang… et lui baiser la gueule».
Dans la même rubrique