Les Eaux de Joana, de Valério Romão, traduit du portugais par João Viegas. Chandeigne, 200 pp., 20 €.
Enceinte, Joana cherche à se rendre utile, et veut rapporter un verre d’eau à d’autres alitées. Quand elle perd les eaux, et se retrouve à la maternité, on lui lance sans ménagement que son fœtus Francisco et qu’un accouchement doit être provoqué. Le cauchemar n’en est qu’à ses débuts. Entretien à venir dans le journal du week-end avec le Portugais Valério Romão qui désacralise sur le mode burlesque
«le sommet de la courbe ascendante d’une vie de femme, le point où on atteint enfin la limite de l’équation f(x) = x2».
Un Coup d'un soir suivi de Dans le lit de Marin, de Mathieu Bermann, P.O.L, 384 pp., 20,90 €.
Mathieu Bermann a écrit deux romans pour venir à bout d’une même histoire qui s’interroge sur la séduction, le désir, l’illusion et les stratégies de conquête à l’heure d’Instagram, des SMS et des émojis, ces outils contemporains qui inventent un nouveau discours amoureux. Son narrateur, trentenaire et écrivain lui aussi, noue une relation avec un garçon d’une vingtaine d’années, Marin, après avoir vu la photo du jeune homme postée sur Instagram. Le livre reflète autant le monde ultra-contemporain que l’art de la conversation libertine à l’âge des Lumières.
Souvenirs de l'avenir, de Siri Hustvedt, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christine Le Bœuf. Actes Sud, 334 pp., 22,80 €.
Siri Hustvedt raconte sa première année à New York, d’août 1978 à septembre 1979. Elle a 23 ans, et vient des
«vastes plaines du Minnesota»
avec une bourse pour entrer à Columbia, en littérature comparée. Mais d’abord, elle se donne un an pour écrire son premier roman.
«Je voulais éblouir par mon intelligence»,
quand la vie se charge de rappeler que ce n’est pas communément ce qu’on attend des femmes. Elle se voit bientôt distraite de ses projets par sa mystérieuse voisine, Lucy Brite. Un délicieux roman à suspense.
Dans la nuit du 4 au 15, de Didier da Silva, Quidam, 258 pp., 20 €.
Didier da Silva rapproche (ou éloigne) des faits et des êtres sous prétexte qu’ils sont survenus ou ont disparu le même jour.
«Le 14 avril est catastrophique: en 1912, à minuit moins vingt, le soi-disant insubmersible
Titanic
heurte un iceberg, et mettra un peu plus de deux heures à couler ; en 65, surgit Alexandre Jardin, qui n’a pas encore touché le fond, faites-lui confiance.»
Le style de l’auteur, aux sens littéraire et mental, est ce qui fait tenir dans un équilibre si stable et si instable cet assemblage d’assemblages.
The Game, d'Alessandro Baricco, traduit de l'italien par Vincent Raynaud, cartes de Luigi Farrauto et Andrea Novali, Studio 100 km, Gallimard, 380 pp., 22 €.
Romancier à succès et auteur d’une œuvre multiforme, Alessandro Baricco poursuit avec
The Game
son analyse des mutations liées à l’essor des nouvelles technologies, entamée dans
les Barbares
. Dans un style captivant, il livre ses propres réflexions, et nourrit son analyse – sorte de
storytelling
du temps présent – d’éléments qu’on a peu l’habitude d’entendre, qui excitent l’esprit, et parfois déconcertent.
«Ce n’est pas le Game qui doit revenir à l’humanisme. C’est l’humanisme qui doit combler son retard et rejoindre le Game»
, dit-il.
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