Le titre du livre de Jacques Balthazart nous introduit d'emblée dans une réalité qui bouscule : n'en déplaise aux exégètes, la biologie a choisi de commencer dans le féminin, et le neuroendocrinologue nous montre que c'est du féminin que naît le masculin, jamais l'inverse. Adam n'a pas pu précéder Eve ? Le masculin serait-il un avatar du féminin, responsable de toute différentiation porteuse des spécificités du vivant terrestre, qu'elle pérennise… dans la dualité ! Dans une approche subtile de la chimie du cerveau, l'auteur précise qu'avec la génétique et l'épigénétique, les hormones, oestradiol puis testostérone, ont un impact incontestable sur la construction et l'évolution du sexe autant physique que psychique. Et en forme de conclusion, il interpelle la philosophie : «Le libre arbitre pourrait n'être qu'une illusion et tous nos actes largement déterminés par des causes biologiques» (donc énergétiques) ! De nationalité belge, il s'étonne qu'en France une idéologie «défend l'idée de l'égalité absolue des humains…ce qui contredit l'existence d'un cerveau spécifiquement masculin». Il rappelle aussi que «des facteurs connus […] limitent et parfois annulent notre liberté réelle, mais que leur détail nous échappe et nous échappera probablement toujours».
Aussi, à la suite de Jacques Balthazart, on constate que si leur société réclame une égalité, objective et matérielle, la femme et l’homme sont aussi là pour appréhender les subtilités de leurs différences tant subjectives qu’objectives…à l’origine du vivant ! Aussi, en suivant les voies ouvertes par la science moderne, on pourrait s’interroger : et si la femme et l’homme étaient le prolongement de deux modèles les plus aboutis, dans un jeu de forces interactives, centripètes et centrifuges, issues d’énergies originelles déjà responsables de l’équilibre d’un univers cosmique ? Un jeu d’exception entre forces égales par leur rôle, sans doute, mais de sens opposés surtout et dans des allers-retours destinés à inventer l’harmonie…, l’amour.