Menu
Libération
portrait

Richard Blair, Big Father was loving him

Article réservé aux abonnés
Le fils adoptif de George Orwell se souvient de son enfance aux côtés de son père veuf qui l’élevait sur une île en Ecosse, tout en rédigeant «1984».
(Photo Frédéric Stucin pour Libération)
publié le 5 décembre 2019 à 17h21

Alors que sur l'île de Jura, en Ecosse, George Orwell d'une main écrivait 1984, de l'autre Eric Blair élevait seul un petit garçon, présentement ce grand et solide gaillard tout vêtu de harris tweed overcheck qui se tient pour quelques heures à la disposition d'une poignée de journalistes. Une apparition rare, le fils d'Orwell…

A la tête des éditions Saint-Simon, l'irrésistible France Roque a convaincu cet homme discret de venir à Paris à l'occasion de la publication du brillant essai de Christopher Hitchens, Dans la tête d'Orwell, la vérité sur l'auteur de 1984. Richard Blair, qui a travaillé une bonne partie de sa vie comme employé chez Massey Ferguson, le fabricant de tracteurs, n'a guère le goût des mondanités. Et même si depuis plusieurs années, il administre la Fondation Orwell et la fortune assortie, il n'aime guère se montrer. «Je suis le fils ordinaire d'un homme extraordinaire», répète-t-il, conscient de ce que cela peut avoir d'absurde d'intéresser autrui uniquement parce qu'on est un «fils de».

Richard Blair et son père arrivent sur l’île à l’été 1946 et s’installent dans une ferme isolée, où ils vivront jusqu’à la mort d’Orwell, en 1950. L’écrivain espère combattre la tuberculose qui finira par l’emporter. Eric Blair, dit George Orwell, marié depuis 1936 avec Eileen 0’Shaughnessy, Irlandaise qui avait étudié à Oxford, a longtemps désiré une famille. Comme sa femme, de santé fragile, il est stérile. En 1944, la belle-sœur d’Eilee