Du fin fond du salon feutré de l'hôtel du Pavillon de la reine, place des Vosges à Paris, Margaret Atwood respire. Le Premier ministre libéral Justin Trudeau a limité les dégâts aux élections fédérales de la veille. Petit matin guilleret pour la Canadienne anglophone, déjà portable au poing, 2 millions de followers à nourrir. Sourire hissé vers les pommettes, l'écrivaine frêle et vive célèbre la nouvelle avec un «croassant» français. Le slogan en lettres orange sur son pull foncé attire le regard : «Nolite te bastardes carborundorum», soit en sabir latiniste «ne laissez pas les salauds vous exterminer». Une devise de la Servante écarlate, répercutée sur du cachemire par Lingua Franca, une marque de vêtements new-yorkaise à slogans politiques. Le produit de la vente de 100 exemplaires brodés de phrases issues de l'univers dystopique du roman sera reversé à Equality Now. En partenariat avec cette ONG de défense des droits des femmes, la célébrissime dame des lettres a organisé à la mi-septembre un show londonien pour lancer les Testaments, suite de la Servante écarlate. «On a diffusé la conférence de presse dans 1 300 théâtres à travers le monde et recruté 6 000 nouveaux membres», se délecte l'infatigable ambassadrice. A 80 ans, celle qui prête son nom comme un mégaphone de manif affirme toujours haut et fort ses positions humanitaires, politiques ou écologiques.
L'amélioration de la condition féminine en fait partie de long