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Libération
Librairie éphémère

Lois Lowry, dictature de l’harmonie

Librairie éphémèredossier
The giver 2014.
par Marie Vincens, lycéenne
publié le 3 janvier 2020 à 17h41

Dans le Passeur, Lois Lowry exprime sa vision d'un avenir prochain, dans une société où la notion d'individu n'existe pas. Dans les premiers chapitres, l'auteure brosse le portrait d'une ville, ou devrais-je dire, une «communauté» dans laquelle les habitants vivent en harmonie ; la famine n'existe pas, la révolte n'existe pas, la guerre n'existe pas. Cette communauté est régie par un ensemble de règles strictes et précises. Ne pas se baigner, ne pas dépasser le couvre-feu, et d'autres encore. Les habitants ne connaissent ni les couleurs, ni les sentiments qui sont réglés par des gélules pharmaceutiques.

On suit, sous la fine plume de l'auteur, le parcours de Jonas, un «onze-ans» qui est en âge d'assister à la cérémonie des «douze-ans» où il lui sera attribué, ainsi qu'à ses camarades, un métier spécifique, dans le but de servir au mieux la communauté. Dans cette salle remplie, lors de la cérémonie qui ne se tient qu'une seule fois par an, Jonas reçoit, sous les yeux ébahis de la foule, l'attribution de futur «dépositaire de la Mémoire» de la communauté, unique habitant à véritablement détenir le savoir. A partir de cet instant, la vie de Jonas ne sera plus jamais la même.

L'épigraphe de l'auteur au début du roman est «Pour tous les enfants, à qui nous confions l'avenir» ; mais on se doute dès le premier chapitre que le message touche le jeune public. Cependant, à chaque âge sa vision des choses. Un élève de primaire ne verra pas certaines profondeurs du roman tandis qu'un élève de seconde pourra sûrement mieux les analyser. De plus, libre à vous de le lire indépendamment de la tétralogie à laquelle il appartient (l'Elue, Messager, le Fils), puisque celle-ci ne forme pas de suite. On se laisse emporter dans ce rôle d'observateur, ce rôle de juge et de bourreau. Ce roman peut vous faire rire, ou même pleurer, vous faire grandir et réfléchir. Une fois commencé, on ne peut que le finir.