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Libération
Critique

L’affaire Dreyfus en apnée

Alfred Dreyfus during the interrogation process at Rennes, August 1899. France, 19th century. (Photo De Agostini Picture. Akg-images.)
par Olivia Abitbol, Ophtalmologue
publié le 10 janvier 2020 à 18h06

Le roman de Robert J. Harris D. (ressorti en poche sous le titre J'accuse à l'occasion du film de Roman Polanski) retrace l'histoire de l'affaire Dreyfus, vue par l'officier Picquart.

On s’y plonge et on n’en ressort plus avant de l’avoir terminé, comme un roman policier plein de suspens dont on serait impatient de connaître le dénouement. Il s’agit pourtant d’une affaire connue de tous, et, selon l’auteur, probablement du plus grand scandale politique et de la plus incroyable erreur judiciaire de ces derniers siècles.

Robert J. Harris nous immerge dans l’ambiance d’une France traumatisée par la perte encore récente de l’Alsace et de la Lorraine. Les pouvoirs militaires sont omniprésents. L’antisémitisme y semble terriblement omniprésent aussi, évident, et surtout naturel.

On lit l’histoire de George Picquart qui, malgré son rôle dans la condamnation de Dreyfus, eut finalement le courage et la détermination d’affronter sa hiérarchie militaire pour faire émerger la vérité. La description de l’enquête, ainsi que de l’obstination malhonnête des politiques et militaires est détaillée et rigoureuse, et on peine à trouver les mots pour décrire la révolte, parfois même le mal-être qu’on ressent à la lecture de cette histoire, qui paraît trop incroyable pour être vraie.

Si ce n'est pas le premier livre sur l'affaire Dreyfus, on s'y laisse emporter avec plaisir, on en ressort plus instruit et imprégné de l'ambiance de l'époque, où l'on allait du XVIe arrondissement de Paris à Saint-Germain-des-Prés à pied pour aller dîner.