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Libération

Nadia Champesme : «C’est le moment ou jamais pour lire "2666" de Bolaño»

Roberto Bolano en 2003. (Photo Witi De Tera.Opale.Leemage)
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publié le 3 avril 2020 à 17h06

«Ma deuxième casquette, directrice du festival Oh les beaux jours !, m’occupe beaucoup en ce moment. La quatrième édition était programmée fin mai et plus le temps avance, moins elle paraît tenable. On va prendre une décision dans les jours à venir, peut-être pour un report fin juin. Le festival est né dans la foulée d’un rapport sur la lecture à Marseille réalisé en 2015. Le tableau était plutôt négatif : Marseille est la ville où l’on vend le moins de livres, où on lit peu avec seulement sept bibliothèques sur les seize arrondissements. Dans la foulée, la ville a déclenché un grand plan de lecture publique, avec la construction de bibliothèques et le lancement d’un festival littéraire. Avec Fabienne Pavia, des éditions Le Bec en l’air, nous avons conçu une programmation qui croise les disciplines (littérature, musique, sciences, performances) pour accueillir un public très mélangé.

«Quand on s'est séparés pour entrer en confinement avec les trois salariés de la librairie, je leur ai dit que nous avions du temps pour rattraper nos lectures en retard. Je me rends compte que je ne lis pas plus que d'habitude… J'ai pris pas mal d'ouvrages récents. Le dernier d'Arno Bertina (l'Age de la première passe, Verticales), Blockhaus de Mathieu Larnaudie (Inculte) issu d'une résidence d'auteurs à la Villa La Brugère à Arromanches que je connais bien car c'est la maison de ma mère, Richesse oblige d'Hannelore Cayre (Métailié) que je voyais bien dialoguer avec Thomas Piketty, le texte posthume de Mathieu Riboulet (Verdier).

«C'est le moment ou jamais pour lire 2666 de Roberto Bolaño (Bourgois), mais je ne l'ai pas encore ouvert… Il y a beaucoup de fictions aujourd'hui où il est question d'un monde qui ressemble un peu à ce que l'on vit en ce moment, de l'ordre de l'anticipation, de la projection, de la dystopie. Je pense à Dans la forêt de Jean Hegland (Gallmeister) ou au dernier Ian McEwan (Une machine comme moi, Gallimard). Un titre qui m'a beaucoup marquée : Watership Down de Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture), très juste sur la recherche d'une nouvelle société à partir de zéro.

Librairie Histoire de l’œil, 25 rue Fontange, 13006 Marseille.