Quelles sont les conséquences du confinement pour l'industrie du livre ? Quels sont ses moyens de le contourner pour continuer à exister ? Quelles réflexions émergent sur comment gérer l'après ? Tanguy Habrand, de l'université de Liège, spécialisé dans les stratégies éditoriales, les politiques du livre et l'édition indépendante, analyse la situation et les pistes envisagées pour la suite. Il prépare actuellement un essai, le Livre au temps du confinement, à paraître aux Impressions Nouvelles à l'automne. Entretien.
Avec le confinement, la chaîne du livre est quasiment à l’arrêt. Est-ce un moment «propice» pour réfléchir à des changements ?
Le confinement a engendré deux types de réflexion. Le premier relève du sens pratique, de la pensée immédiate, dans l’urgence de l’action. Il a consisté à concilier les impératifs de la survie économique et ceux de la limitation de la propagation du Covid-19. Cela s’est traduit chez les libraires, contraints de fermer leurs portes, par des comportements qui témoignent de conceptions antagonistes de leur rôle à jouer au temps du confinement.
Au niveau mondial, certains libraires ont insisté sur la fonction sociale de la librairie et ont tout mis en œuvre pour assurer la continuité de leur activité : service de retrait (dispositif assez rare, risqué, voire prohibé), livraisons avec des moyens de fortune, ou encore vente en ligne de livres imprimés et numériques pour les plus équipés d'entre eux. D'autres ont prôné la fermeture au nom de la sécurité de tous. Cette attitude s'articule parfois à des justifications qui ne sont plus d'ordre sanitaire, mais se rev