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Libération
Interview

Michèle Ignazi : «Les ouvrages du fonds, on n’arrête pas d’en vendre»

publié le 15 mai 2020 à 17h06

«Il y a un auteur que je recommande, Joseph Mitchell, aux Editions du sous-sol. Et tout particulièrement les deux derniers livres publiés, qui s'appellent Arrêtez de me casser les oreilles et Old M. Flood (tous deux traduits de l'américain par Lazare Bitoun). J'adore.

«J'ai beaucoup lu récemment, mais pas des parutions récentes. J'ai lu les Buddenbrook de Thomas Mann. La traduction a vieilli, mais ce n'est pas grave, certaines tournures vieillottes ne sont pas sans charme. J'ai relu. J'ai relu Proust, oui, le Temps retrouvé. En fait, j'étais pleine d'ardeur au début du confinement, cela a diminué petit à petit.

«Un auteur et un éditeur magnifiques : l'Américain Jaime de Angulo. Le Lasso & autres écrits (traduit par Martin Richet) est sorti il y a deux ans chez Héros-Limite, un éditeur suisse merveilleux. Les couvertures sont très belles. Le Lasso & autres écrits, lisez ça, c'est formidable. Ce sont de courts textes, sur le sentiment religieux des Amérindiens, par exemple, ce ne sont pas vraiment des récits de voyage, ni du reportage, plutôt des descriptions, des rencontres, un peu comme Joseph Mitchell. Il y a eu deux recueils chez Héros-Limite, le premier est tout aussi beau : Indiens en bleu de travail.

«J’ai rouvert la librairie lundi. Il y a beaucoup de monde, beaucoup plus de monde que d’habitude. Les clients viennent acheter cinq, six livres à la fois. Les nouveautés ne marchent pas tellement. Tandis que les ouvrages du fonds, on n’arrête pas d’en vendre.

«Parmi les nouveautés, quand même, un livre a été beaucoup remarqué, les Services compétents de Iegor Gran (P.O.L). Et, depuis octobre, j'ai vendu énormément le remarquable Croire aux fauves de Nastassja Martin (Verticales).

«Je n'ose pas trop le proposer, car il fait plus de huit cents pages, mais cette histoire de faux messie est tellement fascinante : les Livres de Jakob, d'Olga Tokarczuk (traduit du polonais par Maryla Laurent, Noir sur blanc). Maylis de Kerangal m'avait parlé de Tokarczuk au moment des Pérégrins, c'était bien avant le prix Nobel.

Fondatrice et patronne de la librairie Michèle Ignazi, 17 rue de Jouy 75004.