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Kessel, l’homme «du romanesque dans la vie»

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Entrée dans la Pléiade.
Joseph Kessel, vers 1918. (Photo Coll. Michel Lefebvre. adoc-photos)
publié le 5 juin 2020 à 18h21
(mis à jour le 14 juin 2020 à 15h09)

Il aurait fêté ça, «Jef», avec une pléiade d'amis. Comme il l'avait fait après son élection à l'Académie française. On peut seulement imaginer, vu sa réputation, qu'il aurait arrosé à sa manière cette consécration littéraire. Lui qui était connu pour passer des nuits entières dans des cabarets tziganes et russes de Montmartre ou d'ailleurs, pour fricoter avec tout le monde, pour descendre verre après verre, voire en mâcher les morceaux. La personnalité de Joseph Kessel (1898-1979), écrivain reporter, tient de la légende, sa vie du roman. Disparu depuis près de quarante-et-un ans, il entre dans la Pléiade, comme souvent post mortem. Mais droit sur ses deux jambes. Les deux tomes sortis cette semaine regroupent judicieusement certains de ses romans (pas encore son cher grand œuvre autobiographique, le Tour du malheur, il le déplorerait) mais aussi certains de ses reportages. Ceux-ci ayant donné ceux-là, ceux-là ayant inspiré ceux-ci. Leur proximité illustre la double carrière de journaliste et de romancier que «Jef» a menée de manière indissociable. Il aimait «le romanesque dans la vie», disait-il, lui qui a utilisé la matière première du réel pour forger ses fictions.

Il est d'abord frappant en lisant certains de ses textes d'y sentir un goût pour les tourments intérieurs et une forme de tragédie humaine. Dans les Cavaliers, son ultime roman paru en 1967, il est marquant d'y voir encore, quarante-cinq ans après Fortune carrée (1932), le souf