«En attendant, je rêve à ce champ de jonquilles qui laissera faner en moi la jeune fille, ce petit talisman pour que mon être s'assemble, tout ce que je voudrais, moi, serait qu'il te ressemble…» Pfiou, si le livre d'Olivia Ruiz est de la même eau que ce qu'elle écrivait en 2015 (merci Wikip qui va être précieux sur ce papier, vu qu'on ne savait pas trop bien qui c'est, Olivia Ruiz, voyez) pour dire qu'elle était enceinte, ça va pas faciliter la lecture de la Commode aux tiroirs de couleurs, l'histoire de sa grand-mère (si on a bien compris, en tout cas il y a une grand-mère et une commode, c'est sûr, avec du tempérament de feu, svp, - la grand-mère, pas la commode - vu que tout le monde est espagnol, donc avec un tempérament de feu), morte depuis peu et qui a laissé une commode, donc avec ses secrets et à chaque tiroir un chapitre avec un objet dedans et à la fin ça fait un livre de souvenirs et une épopée familiale avec des secrets, des blessures et des joies. Eh oui c'est pas plus compliqué que ça de faire un livre, on se demande pourquoi certains se trouent la nouille, à la fin.
1 - Mais qui es-tu, jeune écrivaine ?
Jeune, elle est, née en 1980 à Carcassonne de monsieur et madame Blanc, d'ailleurs elle raconte dans le livre que l'aïeule a changé son nom en Joséphine Blanc pour faire moins espagnol. Comme dans le roman à tiroirs (caisse ?), la famille maternelle a fui le franquisme pour se réfugier en France, épisode raconté sans beaucoup de détails ni de dates on sent que ça n'est pas le centre de l'opus, fixé sur le tempérament de feu, on t'a dit, de la grand-mère. Très vite, Olivia devient star à la Star Ac (non j'invente rien), se mesure à Jenifer, quand même, signe chez Universal, multiplie les albums que nous n'avons pas écoutés, avouons-le : J'aime pas l'amour ou la Femme chocolat avec des Victoires de la musique et disque de diamant soit un total de ventes dépassant 1 200 000 exemplaires.
2 - Et après ?
Après on fait l'actrice avec Jugnot dans Un jour mon père viendra, et on conçoit aussi des vitrines pour le BHV. Va comprendre, il y a des gens comme ça qui réussissent tout, ça force le respect. Des tournées, des comédies musicales, des tas de projets. C'est agaçant, mais reconnaissons que cette jeune femme est polytalentueuse et plutôt sympathique, à lire ses interviews.
3 - L'écriture, donc ?
La vie de Rita, l'abuela (mamie) de l'auteure racontée par «la médaille de baptême», «le sac de graines», «le billet de train», «le foulard bleu», et «dans ton sang et dans le sien toute la force de l'Espagne bouillonne», «l'Espagne dans ce qu'elle a de plus sensuel» et autres clichés sur l'espagnolitude avec des âmes sœurs et des passsssssions de feu. Etrangère mal vue en France, sale Française en Espagne, on a le droit de préférer les Ritals de Cavanna dans le genre narration d'une immigration pas simple. Avec des phrases comme «je suis devenu ta maison et toi la mienne», «nous voyageons dans nos corps», un «silencieux dialogue» avec des «souffles sauvagement courts», le tout d'une «pureté biblique», il faudrait peut-être le chanter, remarque, ça. A la fin, on a passé un moment pas désagréable à jongler dans les filiations mères filles, sans qu'il reste une empreinte très nette pour la fin de la journée.