On croirait, parfois, qu'il y a autant d'écologies que d'écologistes. Certaines semblent improvisées et myopes, qui pour purifier l'air offrent la moitié des rues aux cyclettes et trottinettes, causant ainsi de monstrueux embouteillages encore plus asphyxiants et polluants. D'autres fanatiques, qui pour sauver un écureuil mettraient bien au chômage tous les ouvriers d'une usine mal située. D'autres opportunistes, qui à des fins électorales ajoutent du vert à toutes les cases de leur programme. D'autres catastrophistes, qui montrent que la solution des problèmes n'est à la portée de personne, ni dans le présent ni dans le futur, et prévoient la fin de tout. D'autres fatalistes, béates («y a qu'à !»), pragmatiques, rêveuses… Il est d'ailleurs curieux qu'on puisse se dire écolo - voire «un peu écolo» - sans qu'on ait à préciser de quelle politique, de quelle théorie, de quelle conception de la société ou du monde on se revendique - alors qu'on le ferait si on se disait marxiste, protestant ou lacanien. Plus sérieusement, si l'écologie n'est pas encore devenue une aveuglante évidence pour tous, c'est que sa nécessaire union avec la politique en est restée au stade du flirt. Certes, on parle bien, en théorie, d'«écologie politique», avec ses courants et ses représentants - d'Elisée Reclus à Rachel Carson, Murray Bookchin, Piers Blaikie et Harold Brookfield, Carolyn Merchant, Alain Lipietz, Laurent Gervereau, Alex Langer, André Gorz… Mais il semble qu'on
Critique
«Cité écologique», entre politique et écologie, l’envers de la discorde
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Un étudiant new yorkais «sent» une fleur de magnolia à City Hall Park, le 22 avril 1970, décrété «journée de la Terre». (Photo AP)
par Robert Maggiori
publié le 11 novembre 2020 à 17h26
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